mercredi 14 octobre 2015

LE LABYRINTHE DANS L'ART



Le labyrinthe est à l'origine un palais de la mythologie grecque construit par Dédale pour y enfermer le Minotaure par ordre de Minos.

Apparu dès la Préhistoire, on retrouve le labyrinthe dans de nombreuses civilisations. Chez les Egyptiens, ce monument souterrain servait généralement de tombeau à un illustre personnage. Il était conçu comme un enchevêtrement de couloirs et de voies qui menaient, pour la plupart, à des impasses. Certaines pyramides ne contiennent-elles pas de véritables méandres, destinés à protéger au mieux leur chambre funéraire? Il semblerait que l'idée ait voyagé jusqu'aux rives de l'empire minoen et que Dédale, le célèbre architecte, se soit inspiré des bâtisseurs égyptiens pour construire cette célèbre prison à laquelle il donnera son nom — prison qui cachera le Minotaure. 



Le terme "dédale" est aujourd'hui un nom commun qui désigne un lieu où l'on s'égare facilement.
Selon la légende grecque, Dédale aurait donc construit en Crète, suivant les ordres du roi Minos, un labyrinthe, pour y enfermer le Minotaure, créature hybride, née des amours de la reine Pasiphaé et d'un taureau. Le monstre possédait un corps d'homme et une tête de bovin.
Ce labyrinthe, contrairement au modèle égyptien, ne se trouvait pas sous terre; il était construit à ciel ouvert et composé d'un nombre incalculable de voies qui n'en finissaient jamais de tourner ni de se croiser. Le prince Thésée fut le seul — hormis Dédale et son fils Icare — à pouvoir sortir de ce lieu, grâce au fil que lui avait donné Ariane. Il déroula le fil au fur et à mesure qu'il avançait et réussit par conséquent — après avoir tué le Minotaure — à retrouver son chemin.
Une autre légende raconte que Dédale, puni pour avoir favorisé la relation entre Thésée et Ariane, fut enfermé à son tour, par le roi Minos, dans le labyrinthe. Il parvint néanmoins à s'échapper en fabriquant des ailes qui lui permirent de s'envoler. Le roi de Sicile, Cocalos, le recueillit et loua ses services. Peu de temps après, Minos, débarqua lui aussi sur ces terres, à la recherche du fugitif. Il promit une forte récompense à qui pourrait passer un fil dans la coquille d'un escargot, certain que si Dédale se cachait en ces lieux, lui seul saurait résoudre ce casse-tête. Le roi Cocalos voulut relever le défi et demanda bien évidemment l'aide de Dédale. Celui-ci enfila le fil à la patte d'une fourmi qui parcourut toute la spirale d'une coquille. Cocalos avait certes gagné mais Dédale, lui, était démasqué!

Piranese, Via Appia Ardeatina, 1756




Symbolique du motif
Le mythe du labyrinthe serait une représentation de l'Homme qui se perd sur le chemin de la connaissance: connaissance du monde situé à l'extérieur de lui mais aussi connaissance du monde qu'il renferme. Il symboliserait donc les méandres de l'âme humaine.
Dans son roman, Kafka sur le rivage, l'auteur japonais, Haruki Murakami, explique l'origine du labyrinthe en ces termes: "On pense que ce sont les habitants de la Mésopotamie antique qui ont eu les premiers l'idée du labyrinthe. Ils lisaient le futur dans les entrailles d'animaux — et sans doute parfois d'hommes — sacrifiés. Ils en observaient les dessins complexes qui leur permettaient d'interpréter l'avenir. La forme du labyrinthe s'est inspirée de celle des boyaux. Autrement dit, le principe du labyrinthe existe à l'intérieur de toi. Et il correspond à un labyrinthe à l'extérieur de toi."
Labyrinthe, religion et spiritualité
En Inde, le mandala, art de tradition ancestral symbolisant le destin, représente une forme de labyrinthe.

En Europe, au Moyen Age, bon nombre d'églises abritaient des labyrinthes, tracés sur le sol, qui devaient servir à piéger les démons car ceux-ci — dit-on — ne savaient avancer qu'en suivant une ligne droite...

Le Labyrinthe de Crète et l'histoire de Thésée et d'Ariane, gravure du XV° siècle.


Claudio Parmiggiani (labyrinthe en verre brisé)


Chiharu Shiota


Labyrinthe végétal de Longleat (Grande-Bretagne)

Le labyrinthe en bois d'Henrique oliveira et ses étapes de construction:






















 Motoi Yamamoto, dessin labyrinthique avec du sel

Motoi Yamamoto

Motoi Yamamoto



 Robert Morris, Labyrinthe, 1974

6°/ INSECTES EXTRAORDINAIRES


Les insectes métalliques d'Elisabeth Goluch:







Les insectes mécaniques de Scott Bain:




Les origamis étonnants de Brian Chan:








Un travail d'élève en classe de terminale:


Insecte géant gonflable de Max Strecher:


La nature réalise elle aussi d'étonnantes créations aussi extraordinaires les unes que les autres:
















lundi 12 octobre 2015

L'AUTOPORTRAIT CACHÉ


LA NAISSANCE DE L'AUTOPORTRAIT:

L’apparition de l'autoportrait comme motif puis comme genre pictural dans l’art occidental date de la fin du Moyen Âge, vers le XIV° siècle. On trouve des représentations d’artistes travaillant au moyen âge, mais l'autoportrait en tant que reflet, double manifestant la conscience d'une individualité reste très ponctuel. Des moines se représentent peignant, attestant d’un certain goût pour l’individualisme, dans les enluminures.

L’autoportrait s’érige, à la Renaissance, en genre pictural. Rappelons que la Renaissance célèbre l’homme comme créateur, l’artiste comme génie. Parallèlement à cela, l’invention et la diffusion du miroir de verre (Venise) et les progrès techniques de la peinture (invention de la peinture à l’huile) autorisent (plus que la fresque et la tempera) un travail tout en finesse et précision dans le rendu des apparences.

Signe de la maîtrise de son art, l’autoportrait traverse les siècles et connaît son apogée au XV° et XVI° siècle. Il permet à l’artiste de figurer ses aspirations, ses doutes, ses projections mentales etc…

LES AUTOPORTRAITS "SITUÉS":

Pour ces types d’autoportraits, on parle d’autoportrait « situé ». La particularité de l'autoportrait situé est que l'artiste, souvent perdu dans la foule des protagonistes, n'y est reconnaissable que par l'intensité de son regard dirigé vers le spectateur qu'il semble prendre à témoin de ce qui se passe devant lui. Le peintre sert de médiateur entre le spectateur et l’espace pictural, intensifiant l’effet de réalisme de la représentation, nous y introduisant mentalement. 


BOTTICELLI, Adoration des mages, 1475:
L’artiste se représente en train de toiser le spectateur, tourné vers nous et non vers la scène de l’enfant Jésus qui vient de naître.



PIERRO DELLA FRANCESCA, Résurrection, vers 1463-1465
Il se représente sous les traits d’un soldat endormi.



DÜRER, Le martyr des 10000 chrétiens, 1508
Il se représente en train de marcher avec un ami, traversant le paysage et les combats.



ARTEMISIA GENTILESCHI, Judith décapitant Holopherne, 1621
Artemisa Gentilechi, une des premières femmes peintre, violée par son maître de peinture, se représente en Judith décapitant Holopherne.



MICHEL ANGE, Le Jugement dernier (détail) autoportrait en la dépouille de saint Barthélémy (1535-1541):
Michel Ange se représente en la dépouille de Saint Barthélémy.


LES AUTOPORTRAITS CACHÉS:


Dans ces autoportraits, l’artiste se représente dans un reflet, sur un verre, une cuirasse ou autre élément de petite taille. 




ANDREA SOLARIO, Tête de saint Jean Baptiste, 1507
Le visage anamorphosé de l'artiste se reflète à l'envers dans le pied d'une coupe d'orfèvrerie.



Jan Van Eyck, Les époux arnolfini, vers 1440:
Ici le peintre se représente dans le miroir derrière le couple de jeunes mariés.


L'AUTOPORTRAIT CACHÉ AU XX° SIÈCLE:

Marcel Duchamp en Rrose Sélavy, 1920 (photo de Man Ray)




Traquée d'année en année au fil de la mémoire, l'image, pour Francis Bacon, se situe au-delà de l'apparence physique. C'est ce que Bacon appelle « peindre la trace laissée par l'existence humaine ».



GIUSEPPE PENONE , Retourner ses yeux, 1970
«Des lentilles-miroirs posées sur mes yeux indiquent le point qui me sépare de ce qui m’entoure. Elles sont comme une peau, une frontière, un canal d’information rompu (…). En bloquant ma vision, je me prive des données indispensables pour guider mon comportement» Penone.
Dans le projet Rovesciare i propri occhi (Retourner ses propres yeux) de 1970, Giuseppe Penone décline son autoportrait en une séquence de 16 clichés noir et blanc. L’artiste porte des verres de contact opaques couvrant l’iris et la pupille de l’œil.
La surface externe miroitante des verres réfléchit le monde extérieur. Se faisant, Penone propose au spectateur la jouissance de son propre regard. 
Par ailleurs, privé de l’exercice de la vue, cette contrainte de l’aveuglement, permet à l’artiste de faire l’expérience d’un regard tout intérieur.




LUCAS SAMARAS, Photo-transformation, 1974
Dans des autoportraits réalisés au polaroid, Samaras montre son corps distordu ou fractionné, avec pour objectif de représenter différents états intérieurs. Il y a un résultat «immédiat» du polaroid.



WILLIAM WEGMAN, Family Combinations, 1972
Wegman s’est photographié puis a photographié ses parents séparément. Il a ensuite combiné les images par surimpression : son père et lui, sa mère et lui, son père et sa mère.  La comparaison entre les images montre que la combinaison de ses parents ne suffit pas à engendrer l’artiste, en dépit du patrimoine génétique. L’œuvre met en évidence les ressemblances, mais aussi les différences subtiles et parlantes qui font qu’un individu est toujours autre chose et plus que la somme des parties qui le composent.



ANDY WARHOL, autoportrait en travesti, 1981
Warhol n’a jamais cessé de jouer avec son identité. Il a lancé sur le marché un type de personnage efféminé et décalé, homosexuel ou bisexuel, selon, qui jurait avec l’idéal masculin de la société patriarcale américaine, rigide et bigote.



DOUGLAS GORDON, Self Portrait Kissing with scopolamine, 1994
Dans son Autoportrait de 1994, Douglas Gordon pose aussi la question de la véracité de l’image, de son image, qu’il embrasse dans un miroir avec les lèvres enduites d’un sérum de vérité. La scopolamine de la famille des solanacées (jusquiame noire, daturas et belladone) est un tranquillisant légèrement euphorisant qui, dit-on, a été utilisé comme sérum de vérité pendant la Seconde Guerre mondiale. À fortes doses, elle peut provoquer d’intenses hallucinations délirantes mais aussi, paradoxalement dans le contexte de cet autoportrait, de l’amnésie. L’artiste cherche-t-il à passer « de l’autre côté du miroir » pour y rencontrer son autre soi-même?

DU CÔTÉ DES ARTISTES CONTEMPORAINS:

Emma Brisson


Ci-dessous: Les autoportraits de Levi Van Veluw:










Le website de l'artiste (allez voir ses surprenants travaux dans "works"):
http://www.levivanveluw.nl

Ce ne sont pas des autoportraits mais des portraits, mais ils sont intéressants vis-à-vis du thème:

Mitsuko Nagone

Mitsuko Nagone


Mitsuko Nagone

Mitsuko Nagone