jeudi 17 janvier 2013

5°: LA LUMIÈRE DANS L'ART CONTEMPORAIN



David Batchelor et Anselm Reyle jouant avec de la lumière à la Galerie Saachi


Dan Flavin, installation au Richmond Hall

Une œuvre de Dan Flavin est définie dans un premier temps, par la disposition de tubes de lumière fluorescente puis c'est l'extension lumineuse qui a déterminé sa structure, son épaisseur, son volume ; en ce sens la dimension de l'œuvre est réglée par l'architecture (murs, plafond, sol) qui la délimite. Flavin crée « des états visuels particuliers », des perceptions singulières qui rassemblent, dans la fragilité de la lumière, couleur, structure et espace. En envahissant l'espace, la lumière de Flavin le transforme et le dématérialise souvent. Le bain lumineux a en effet pour propriété d'abolir les frontières entre l'environnant et l'environné qui ne font plus qu'un et l'œuvre devient ainsi une « situation », un lieu d'expériences perceptives liées aux déplacements du spectateur.



David Batchelor


Jenny Holzer

Ces deux dernières décennies, Jenny Holzer a travaillé sur des projections monumentales de ses textes, dans les villes de Berlin, Venise, Oslo, Londres, Rio de Janeiro… C’est une artiste influencée par l’art minimal et l’art conceptuel, par les constructivistes comme Tatlin et Rodtchenko, qui pensaient que l’art devait avoir une fonction « utile » ; pour elle, l’Art doit être dans l’espace publique, mais aussi utiliser les moyens de communications les plus « visibles », pour être reçu par le plus grand nombre.



David Batchelor


Christian Boltansky, L'avalanche, 1996


Christian Boltansky,Théâtre d'ombres, 1986

Inspiré du dispositif traditionnel des ombres chinoises, le Théâtre d’ombres apparaît dans l’œuvre de Christian Boltanski dès 1984, succédant aux grandes formes découpées des Compositions théâtrales (1980). 
L’ombre et sa projection associées au thème des marionnettes suggèrent de nombreuses évocations issues de toutes les cultures et mythologies - le Golem, la Kabbale, la caverne platonicienne, le récit des origines de la peinture chez les Grecs par le tracé des contours d’une ombre, la danse des morts des Mystères du Moyen Âge, l’impression photographique…



James Turrel

Depuis la fin des années 60, les installations de James Turrell, appelées aussi « environnements perceptuels », sont réalisées à partir d'un seul matériau : la lumière, naturelle ou artificielle. Mis à part les dessins et les plans qui accompagnent ses œuvres de plus grande envergure, sa production ne comporte ainsi aucun objet en tant que tel.

Ses interventions, ses installations « en chambre » ou à ciel ouvert, procèdent toutes d’une quête artistique qui déstabilise nos relations au réel.

En manipulant la lumière, James Turrell sollicite les sens, il se joue de la perception du spectateur, il la bouscule, la trompe... Entre ses mains la lumière prend une extraordinaire matérialité. Création d'espaces fictifs... troublants puis fascinants...



James Turrel


James Turrel



Joseph Kosuth, Four colors four words, 1965


Joseph Kosuth, Neon,1965

Jospeh Kosuth est un des pionniers de l’art conceptuel. Le but de son travail est de « produire du sens », même s’il ne faut pas cependant oublier l’aspect esthétique de son œuvre. Ici, comme dans beaucoup de ses œuvres, il se base sur une tautologie : « L’œuvre décrit par le langage ce qu’elle est dans la réalité ». Kosuth affirme que l’art est langage, que l’art relève du domaine des idées, qu’il n’a rien à voir avec l’esthétique et le goût.





Oliafur Eliasson, The weather project, 2003

Sous le titre The Weather Project Eliason a placé un grand soleil à l’Est du Hall de la Tate Modern. Soleil qui irradie une lumière suffisante pour que les visages des spectateurs soient éclairés dans tout l’espace. Par ailleurs le plafond de ce lieu immense a été entièrement couvert de miroirs. Enfin une brume est diffusée dans tout l’espace cachant le soleil et lui donnant un halo de mystère. Il s’agit donc dans un site dédié à l’art d’une reconstitution d’un élément de la nature, mais aussi d’une reconstitution des sentiments que ces phénomènes : couchers ou levers du soleil suscitent chez le spectateur, notamment dans la façon dont ils ont été exprimés par les peintres. Ce qui est extraordinaire c’est la réaction du public. Le hall de la Tate Modern est devenu un immense terrain de jeu et de méditation. Certaines personnes s’arrêtent et contemplent l’effet comme ils le feraient dans la nature, d’autres se couchent par terre en groupes et jouent avec les miroirs en essayant de créer des formes ou des lettres que l’on peut lire. Il utilise des éléments comme la lumière, l’eau, le miroir mais aussi parfois des machineries plus complexes. Au début de sa carrière, il avait reconstitué un arc-en-ciel. Depuis il a continué à élaborer des installations qui interrogent les notions de nature et de culture, mais aussi les sentiments suscités par la nature.


Mario Merz, Igloo, 1968

"L'igloo, c'est la forme organique par excellence, à la fois le monde et la petite maison." Figure majeure de l'Arte povera, mouvement né à Turin dans les années 60, Mario Merz décline à l'infini ce drôle d'abri hémisphérique. Igloos de pierres plates au chevauchement rustique, igloos de pains de glaise parcourus de slogans lumineux, igloos de verre associé à des branchages, à des piles de journaux, à des tables transparentes servies pour des festins de fruits... A la fois bricoleur et savant, Merz crée l'émotion par le contraste des matériaux, par celui des formes primitives et du néon.




Claude Levèque, Le grand sommeil, 2007

Le titre donne le ton : Le Grand Sommeil, d’Howard Hawks (1946), archétype du film noir américain, annonce l’univers fictionnel et artificiel en jeu dans l’oeuvre de Claude Lévêque. 
Le Grand Sommeil est une installation in situ, une œuvre environnementale conçue spécialement pour le lieu. L’artiste construit une image en trois dimensions. Par la théâtralisation des objets qui la constituent, le recours à la lumière noire, un procédé de renversement à 180 ° de l’espace et un son spécifiquement créé, il bouleverse les sens et les repères spatio-temporels. Claude Lévêque rêve pour nous un souvenir d’enfance, un récit sans mot, par assemblage d’éléments simples, reconnaissables. Des rangées de lits, lits d’internat, d’hôpital, ordonnés et subordonnés à un imaginaire du collectif aliénant. Mais la vision critique de l’artiste a dérangé cet ordre inquiétant, opérant par renversement.