Draperie pour une figure assise, Léonard de Vinci, 1470
Cette
draperie de Léonard de Vinci est la plus célèbre de toutes les esquisses sur
tela di lino (toile de lin). Il en existe seize au total. Elle est souvent
considérée comme relative à l'élaboration de la figure de la Vierge dans
L'Annonciation des Offices (Florence). Elle a été également rapprochée du
Retable de San Giusto par Domenico Ghirlandaio (Florence, Offices); selon
certains auteurs, elle serait même de cet artiste et non pas de Léonard.
Atteindre
l'exactitude formelle
Cette draperie est entrée au Muséum sous le
nom de Dürer. Elle est supposée être liée à l'élaboration de la figure de la Vierge
dans L'Annonciation des Offices, comme c'est le cas pour le dessin de
l'ancienne collection Ganay (musée du Louvre, RF 41904), ainsi que pour une
autre étude de figure assise, conservée aux Offices (Florence). À la différence
des deux autres draperies, la figure du Louvre indique un contrapposto et
amorce une sorte de mouvement tournant, perceptible dans le dessin des jambes
et souligné par la direction du buste, qui est simplement indiqué. Ce motif va
dans le sens de l'arrondi, de la courbe, et permet à Léonard de définir la
forme qu'il entend représenter. Le peintre a étudié ce qu'on peut appeler le
"tombé" des plis, la chute et la retenue de l'étoffe lourde, par
déploiements successifs, tout autour de la forme, comme si l'impulsion du
mouvement demeurait intacte loin de sa source. Léonard traite la draperie non
plus comme une calligraphie ou un ornement, mais comme des tissus bien réels,
de véritables vêtements ; il poursuit une recherche d'exactitude formelle,
objective.
Une simple analogie
De manière paradoxale, la draperie du Louvre
est celle dont l'attribution est la moins contestée, en raison de sa très haute
qualité; c'est pourtant la seule qui a pu être rapprochée de la peinture d'un
autre artiste. Une analogie étroite a pu être établie entre ce drapé et celui
de la Vierge dans la Vierge à l'Enfant avec saints, dit "Retable de
San Giusto", par Domenico Ghirlandaio, conservé aux Offices. Toutefois, la
délicatesse de l'indication de l'ombre et de la lumière, la complexité de
l'étude du Louvre rendent impossible le rapport avec la clarté géométrique de
l'oeuvre de Ghirlandaio. Il s'agit moins de draperies à rapprocher de la
peinture ou de la sculpture que de recherches consacrées à l'utilisation de
supports souples, de matériaux fluides et surtout d'une réflexion conduite sur
la lumière.
La question des
retouches
Toute la question des draperies, pour celles
du Louvre au moins, semble devoir être reconsidérée aujourd'hui à partir de
l'observation de leur facture. Cette draperie comporte des reprises, par une
main plus tardive, mais apposées à une date indéterminée. C'est dans cette
étude que les reprises sont les plus visibles et cela a certainement compté
dans la diversité des propositions d'attribution qu'elle a suscitées. Les
retouches apparentes se situent sur le bord inférieur, dans la partie qui se
trouve sous la draperie. D'autres interventions se devinent dans la partie
droite, dans le contour de la draperie et l'arrière-plan. À cela s'ajoutent les
épais rehauts des plis de la figure elle-même, renforçant l'effet sculptural de
cette forme, qui en devient intemporelle à force de perfection. C'est dans la
partie haute, sur le revers oblique du drapé, au niveau de la taille, que la
légèreté intacte des "lumi" sur la frange de l'étoffe laisse deviner
ce qu'était probablement l'oeuvre à son origine.
(Sources Musée du Louvre)
Etude de drapé, Albert Dürer, 1508
Groupe de quatre figures debout et un drapé, Michel Ange, vers 1489-1500
La Pieta, Michel Ange, 1498-99, Rome
Etude de draperie, Anne Louis Girodet de Roussy Trioson, 1808
Ci-dessous les dessins de l'artiste contemporain Ernest Pignon-Ernest:
Le travail contemporain de Christo et Jeanne Claude (dessins et réalisations en volume):
Le Pont Neuf emballé, 1980
Arbres emballés, 1998
Le Reichtag emballé, 1995
Vue du ciel