Avec le temps est une chanson écrite et composé par Léo Ferré en 1969. C'est une chanson emblématique de la chanson française.
Avec le temps...
Avec le temps va tout s'en
va
On oublie le visag' et l'on
oublie la voix
Le coeur quand ça bat plus
c'est pas la pein' d'aller
Chercher plus loin faut
laisser fair' et c'est très bien
Avec le temps...
Avec le temps va tout s'en
va
L'autre qu'on adorait qu'on
cherchait sous la pluie
L'autre qu'on devinait au
détour d'un regard
Entre les mots entre les lign's
et sous le fard
D'un serment maquillé qui
s'en va fair' sa nuit
Avec le temps tout
s'évanouit
Avec le temps...
Avec le temps va tout s'en
va
Mêm' les plus chouett's
souv'nirs ça t'as un' de ces gueul's
A la Gal'rie j'Farfouill'
dans les rayons d' la mort
Le samedi soir quand la
tendress' s'en va tout' seule
Avec le temps...
Avec le temps va tout s'en
va
L'autre à qui l'on croyait
pour un rhum' pour un rien
L'autre à qui l'on donnait
du vent et des bijoux
Pour qui l'on eût vendu son
âme pour quelques sous
Devant quoi l'on s'
traînait comme traînent les chiens
Avec le temps va tout va
bien
Avec le temps...
Avec le temps va tout s'en
va
On oublie les passions et
l'on oublie les voix
Qui vous disaient tout bas
les mots des pauvres gens
Ne rentre pas trop tard
surtout ne prend pas froid
Avec le temps...
Avec le temps va tout s'en
va
Et l'on se sent blanchi
comme un cheval fourbu
Et l'on se sent glacé dans
un lit de hasard
Et l'on se sent tout seul
peut-être mais peinard
Et l'on se sent floué par
les années perdues
Alors vraiment
Avec le temps ... on n'aime
plus.
Série d'autoportraits photographique, Roman Opalka
Le peintre franco-polonais Roman Opałka (27 août 1931 – 6 août 2011)
a tenté à partir de 1965 de compter de 1 à l’infini sur ses toiles pour
décrire le passage du temps. En 1965, il décide de peindre en blanc avec un
pinceau n°O sur des toiles noires de 196 x 135 cm la suite des nombres de un à
l'infini. Il intitule ses toiles Détail.
Quand il est arrivé au chiffre 1 000 000, en 1972,
il a légèrement changé sa façon de faire, en ajoutant 1% de blanc dans le noir
qui lui sert de fond, si bien que les nombres se fondent progressivement
dans le support sur lequel elles sont inscrites.
Matérialisant également l'érosion du vivant par
le temps, il enregistre quotidiennement le son de sa voix prononçant les
nombres qu'il est en train de peindre. Une voix qui se transforme au fil des
années...
Enfin, il termine chaque séance de travail en
réalisant son autoportrait photographique.
Les autoportraits d'Opalka, présentés comme des
photos d'identité frontales, avec ce regard fixé sur l'objectif et sur le
spectateur, semblent défier le temps. En vérité, bien au-delà de l'appareil
photo, et bien au-delà encore du spectateur, c'est la mort elle-même qu'Opalka
sonde froidement du regard, dignement, crânement oserait-on dire, avec la
pleine conscience qu'elle finira bien par le rattraper. Chaque nouveau portrait
est une trace de sa présence encore vivante à un moment donné. Le spectateur se
retrouve interpellé par la persistance de ce regard, comme si son caractère de
défi inexorable lui renvoyait à la figure sa propre dimension dérisoire,
soumise à la dégradation et au pourrissement.
Par ce dispositif sans cesse renouvelé à
l'échelle d'une vie, Opalka propose une méditation sans précédent sur le temps,
impliquant sa vie entière au service de son oeuvre.
"Ma position fondamentale, programme de
toute ma vie, se traduit dans un processus de travail enregistrant une
progression qui est à la fois un document sur le temps et sa définition".
Roman Opalka.
URBAN FLOW
Pour Urban Flow, Adam Magyar utilise des appareils
destinés à faire de la "photo-finish", soit un balayage vertical
instantané d'un pixel depuis un point fixe afin de capturer non pas quelques
secondes mais deux à trois minutes de ces paysages urbains. Il en résulte des
images composées de séquences pouvant regrouper jusqu'à 10 000 prises de vue
par secondes. Ainsi, les objets statiques deviennent linéaires, alors que ceux
en mouvement sont restitués avec un degrés de réalité relatif à leur vitesse de
déplacement. Sans points de départ ni d'arrivée, ces êtres évoluent au sein
d'un univers qui leur ressemble; "Nous sommes nés, nous vivons et mourrons
tant comme individus que comme particules dans nos structures nées de la main
de l'homme et que nous appelons villes ou sociétés", explique Magyar.
Véritable vanité moderne, l'artiste redéfini grâce à l'image le caractère
éphémère du temps qui nous est imparti sur une échelle linéaire infinie.
Tom Hussey est un
photographe américain spécialisé dans la publicité. Voici par exemple un de ses
travaux réalisés pour Novartis, un laboratoire qui développe des solutions pour
le traitement de la maladie d’Alzheimer.
Pour cette campagne, Tom Hussey a donc photographié des personnes âgées,
atteintes de la maladie d’Alzheimer, devant un miroir. Grâce aux fameux patchs
Exelon, ils peuvent enfin se rappeler leur jeunesse, à travers le miroir. On y
retrouve : un ancien pompier, un soldat, un chimiste, une infirmière, etc.
Moma, New York, 2001-2003
Pour la plupart d’entre nous, la
photographie consiste en l’immortalisation d’un instant. Mais pour Michael
Wesely, c’est la capture d’une période plus longue, qui peut aller jusqu’à
plusieurs mois ! Depuis plus de 10 ans, cet artiste allemand photographie, en
continu, sur des périodes allant jusqu’à 34 mois, des sites démolis puis
reconstruits. L’obturateur ouvert de son appareil enregistre l’édifice, sa
reconstruction mais aussi la vie qui passe, la course du soleil, les voitures,
les passants… tout.
Une réponse à l’instant décisif
C’est en 1988 que Michael Wesely
commence à réfléchir à un procédé de prise de vue très long. À l’époque, le
monde de la photographie est largement dominé par le concept d’"instant
décisif" d’Henri Cartier-Bresson. Pour le photographe munichois, cette
photographie magique qui arrive à un instant précis est un leurre. Il commence
par réaliser des portraits avec un temps d’exposition de 5 mn. Puis, il se met
à travailler dans les trains, laissant son obturateur ouvert d’une gare à
l’autre. «C’est
à ce moment que j’ai réussi à relier la technique de l’exposition longue à mon
propos»,
précise-t-il. Petit à petit, l’idée lui vient de photographier la ville en
mouvement. Entre 1997 et 1999, il capture la construction de la Postdamer Platz
de Berlin. Ce projet est financé par Daimler Chrysler. Il est ensuite invité en
2001 à photographier les 3 ans de travaux de reconstruction du MoMa, à New
York.
Quand on demande à Michael Wesely
comment il a réussi à mettre en place son procédé, il répond : « J’ai échoué, encore et
encore, jusqu’à ce que je réussisse à faire ce que je voulais. » Si l’auteur reste très discret
sur son procédé exact, certains s’avancent à quelques suppositions. Il
photographierait avec une chambre 4×5. La pellicule capte la lumière sans arrêt
par un objectif qui aurait une ouverture de diaphragme microscopique de f:1250
(l’ouverture de l’objectif). Aucune certitude ici. Ce ne sont que des pistes et
des rumeurs ! Le photographe, lui, précise que sa photographie tient beaucoup
au hasard et à la magie : « Il n’y a aucun moyen de calculer le temps et la
taille du shutter (obturateur) sur des expositions aussi
longues », explique-t-il.
Il ne sait jamais avant le développement si son image est réussie.
L’image est un procédé:
Finalement, la force de ces
images ne réside pas dans leur forme finale mais dans leur procédé. Michael
Wesely précise d’ailleurs : «Les
bâtiments que je photographie ne sont pas mon sujet, c’est leur construction
qui l’est.» Pour
la première fois, la photographie capture le temps qui passe, les changements
d’un lieu.
Ce projet, s’il est une
prouesse technologique, est aussi une jolie métaphore du temps que peut prendre
un photographe à se réaliser artistiquement, recherches après recherches. Quand
on pense au chemin réalisé entre une simple envie de réponse à Cartier-Bresson
en 1988 et les images qu’il produit depuis les années 2000, ce photographe nous
laisse rêveur quant à ce que l’on peut produire à partir de son imagination et
de sa technique. «Capturer l’invisible», voilà ce que fait Michael
Wesely.