CONTAMINATION/ PROPAGATION
RÉFÉRENCES
Voici quelques exemples d'artistes qui travaillent autour de l'idée de contamination/ propagation à travers des installations aussi diversifiées que surprenantes:
Kurt Schwitters, The Merzbau, 1924
Le merzbau
s'inscrit dans la continuité du travail de collage et d'assemblage. La
photographie fixe une étape de cette installation considérable réalisée entre
1924 et 1936.
Le nom original
qu'il avait donné à cette construction était Cathédrale de la misère érotique
dont le contenu était aussi choquant pour l'époque que tout ce que pourraient
produire les artistes radicaux d'aujourd'hui. Le terme Merz provient d'un
fragment de papier qu'il trouva où se trouvait inscrit le mot allemand Kommerz, de Kommerz
Bank; qui signifie construction en allemand. Il ne garde que la fin du mot Mertz qu’il déclinera. Un Merzbild est
un tableau Merz, des Merzzeichnungen : des dessins Merz…
Le Merzbau, quant à lui, est une sculpture protéïforme (aux formes multiples), une accumulation où se cachent des niches individuelles consacrées à ses amis artistes. Cette colonne de débris et de formes rigoureuses s’élève jusqu’au plafond. Dans les cavités, on trouve, non détournés, la cravate de Théo Van Dœsburg, un crayon de Mies Van der Rohe. Cette construction-support à reliques où l’on peut voir une mèche de cheveux, un dentier, jusqu’à un flacon d’urine, étouffe dans cet appartement de Hanovre. L’artiste veut poursuivre sa « cathédrale érotique », découpe le plafond de la maison familiale, traverse trois étages et occupe une grande partie de la maison.
Le Merzbau, quant à lui, est une sculpture protéïforme (aux formes multiples), une accumulation où se cachent des niches individuelles consacrées à ses amis artistes. Cette colonne de débris et de formes rigoureuses s’élève jusqu’au plafond. Dans les cavités, on trouve, non détournés, la cravate de Théo Van Dœsburg, un crayon de Mies Van der Rohe. Cette construction-support à reliques où l’on peut voir une mèche de cheveux, un dentier, jusqu’à un flacon d’urine, étouffe dans cet appartement de Hanovre. L’artiste veut poursuivre sa « cathédrale érotique », découpe le plafond de la maison familiale, traverse trois étages et occupe une grande partie de la maison.
Schwitters travailla
de 1923 à 1936 sur la forme Merzbau. L'arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne en 1933
contraint Schwitters à l'exil en Norvège. Il y entama la construction d'un
nouveau Merzbau dans les environs d'Oslo mais le laissa inachevé suite à
l'invasion du pays et dont les restes brûlèrent en 1951. Il fuit à nouveau,
cette fois vers la Grande-Bretagne où il fut interné jusqu'en 1941 en tant
qu'Allemand. En 1945, malgré une santé fragile, il reprit la construction d'une
nouvelle œuvre connue sous le nom de Merz barn, soutenu par le Museum of Modern
Art de New York. A son décès en 1948, il n'avait terminé qu'un seul mur. On peut
aujourd'hui voir à l'Université de Newcastle.
Il apparaît déterminant de comprendre combien le Merzbau constitue
l'œuvre d'une vie réengagée lors de chaque déménagement contraint. Cette
sculpture protéiforme est réalisée par assemblage de matériaux glanés,
matériaux de récupération, déchets, rebuts de nature diverses. Cependant, cette
« cueillette d'éléments hétérogènes et hétéroclites » n'est pas le fruit d'un collectage hasardeux,
c'est bien au contraire les qualités physiques et plastiques des matériaux qui
déterminent leur sélection. Schwitters met à mal la hiérarchisation des
matériaux, nobles et pauvres. Le déchet, le rebut font irruption avec
radicalité dans la « chasse gardée » des matériaux réservés au champ
artistique. Par cet acte, c'est la vie dans sa trivialité, sa quotidienneté qui
s'invite au grand banquet du monde «aristocratique» de l'art.
Ces éléments
sont intégrés au fur et à mesure, l'œuvre ne connaît pas de stade d'achèvement,
elle est en constante évolution. l'œuvre semble se générer elle-même, se
déployer selon son propre principe de "vie" en poussant au delà les
limites jusqu'à exclure l'espace de vie pour lequel il était prévu au
départ. Car c'est au cœur de sa maison que s'érige cette sculpture
protéiforme. Progressivement elle contamine tous les espaces, traverse trois
niveaux, s'étend sur huit pièces. L'espace de vie est totalement mobilisé et
devient espace de l'œuvre. Les formes organiques remettent profondément en
cause la structure initiale de l'habitat, la maison est à la fois le matériau
premier, son support, son cadre et son cocon.
Vidéo en time laps de la reconstruction du Merzbau au Musée d'art moderne de Berkeley, Etats-Unis, 2011.
Henrique oliveira
Henrique oliveira
Henrique oliveira
Contaminação de Joana Vasconcelos au palais Grassi - Biénale de Venise, 2008
Installation dans un restaurant
Kate MaccGwire, plumes se déversant d'un conduit, 2013.
Kate MccGwire, Retch (Haut le coeur), 2007
Kate MccGwire, "Disquiet" par artforbreakfast
Interview de Kate MccGwire
Esther Stocker, Open form, 2011
Installation de Tadashi Kawamata à Versailles, 2008.
Extrait de la réalisation de l'installation de Kawamata à Versailles.
God Hungry,Installation de Subodh Gupta, Eglise Sainte Marie Madeleine, Lille, 2013
Selon
Subodh Gupta, cette déferlante de vaisselle revêt plusieurs significations en
lien direct avec sa propre culture. Premièrement, l’utilisation de vaisselle en
Inox – récurrente dans ses œuvres – témoigne des mutations de la société indienne. L’abandon des
objets traditionnels, évincés au profit d’objets plus modernes, symbolise
l’ascension sociale et les migrations de la campagne vers les villes.
D’autre
part, cet amas d’objets désordonnés évoque, pour lui, le Tsunami de 2004 qui a
touché la côte Est de l’Inde. Cette catastrophe naturelle a été perçue par les
hindouistes comme l’expression de la colère divine. Cette croyance fait
indubitablement écho au thème du déluge de la tradition judéo-chrétienne relaté
dans l’Ancien Testament (Genèse, 6-8).
Enfin, Subodh Gupta mentionne le mythe
de la rencontre de Krishna et Sudama, relaté dans le Bhagwat Purana.
Sudama, qui vit dans la pauvreté, rend visite à son ancien ami Krishna et lui
offre du powa (riz soufflé). De retour chez lui, il découvre sa demeure
métamorphosée en palais; sa famille est alors dotée d’une grande richesse,
témoignage de la bonté de Krishna.
Les pois rouge de l'artiste japonaise Yayoi Kusama.
Yayoi Kusama (se prononce K'sama) est née en 1929 à Matsumoto, préfecture
de Nagano.
Kusama est une des plus grandes artistes contemporaines au Japon.
Le travail de Kusama, qu’elle qualifie d’obsessionnel, est fondé sur la
répétition et la multiplication de signes. 1960 voit le lancement de son
Manifeste de l’oblitération : « Ma vie est un pois perdu parmi des millions
d’autres pois... ».
Enfant, Kusama avait eu la vision hallucinatoire d’un
motif en forme de pois décorant une nappe familiale se répéter dans la pièce.
Dès lors, son univers en sera peuplé et ses installations habitées d’une
multitude de pois colorés répétés à l’infini.
Après les corps peints viendront les vêtements puis des espaces entiers
seront couverts de points, du ciel au plafond. Mais elle ne crée pas
mécaniquement. Elle invente à chaque fois une manière d'agencer ces points dans
l'espace, variant les couleurs, les tailles, les atmosphères, les matériaux,
les éclairages.
De santé mentale fragile, elle vit volontairement dans un
établissement de soins psychiatriques de Tokyo depuis 1977, cet établissement
est réputé pour ses pratiques encourageant l'expression artistique comme
thérapie.
Libération sexuelle, critique violente de la société de consommation et
politisation de l'art deviennent l'enjeu majeur de ses performances. Cette
rébellion des corps représente l'un des apports les plus singuliers de Kusama.
Par cette émancipation, elle participe à la quête d'une autonomie à la fois
physique, sexuelle et intellectuelle, associant féminisme et performance.
Ce thème "contagion/propagation" se retrouve aussi dans le cinéma, le cinéma d'animation ou la littérature:
-Inception, film de Christopher Nolan, 2010, dans lequel on peut "contaminer" les pensées d'autrui en pénétrant dans ses rêves.
-Princesse Mononoke, film d'animation d'Hayao Miyazaki, 1997, où une entité démoniaque ronge la forêt et ses habitants en se propageant de plus en plus.
-Le Hussard sur le toît, livre de Jean Giono, 1951, décrit la Provence en pleine épidémie de choléra.
-Le masque de la Mort Rouge, nouvelle d'Edgar Allan Poe,1842, raconte l'épidémie foudroyante de la Mort Rouge et fait partie du recueil Nouvelles histoires extraordinaires.
-La vague, Todd Strasser, 1981: Ben Ross est professeur d'histoire dans le paisible lycée de Gordon, aux Etats-Unis. Alors qu'il explique à ses élèves l'histoire et le fonctionnement du régime nazi, il est surpris de ne pouvoir répondre clairement à la question "Comment ont-ils pu faire cela ?". Ne trouvant pas de réponse claire, il expérimente une sorte de micro-régime autoritaire dans sa classe, avec l'espoir que les élèves finissent par trouver eux-même la réponse à cette question...
-La vague, Todd Strasser, 1981: Ben Ross est professeur d'histoire dans le paisible lycée de Gordon, aux Etats-Unis. Alors qu'il explique à ses élèves l'histoire et le fonctionnement du régime nazi, il est surpris de ne pouvoir répondre clairement à la question "Comment ont-ils pu faire cela ?". Ne trouvant pas de réponse claire, il expérimente une sorte de micro-régime autoritaire dans sa classe, avec l'espoir que les élèves finissent par trouver eux-même la réponse à cette question...
A partir d’un cours sur la Seconde Guerre mondiale, ce
professeur va tenter une expérience dangereuse: instaurer une discipline, un
sentiment communautaire entre les élèves de sa classe pour leur montrer que les
dérives nazies n’étaient pas le fait du hasard; et que les jeunesses fascistes
n’étaient pas l’œuvre de quelques fous, mais bien de jeunes comme eux, qui ont
été manipulés. Rapidement, les élèves se prennent au "jeu", le
mouvement se répand, avec son symbole, ses signes d’appartenance. Petit
à petit, les anciennes frontières s’estompent : "C’est le sentiment
d’appartenir à une chose plus importante que soi. [...] Vous faites partie d’un
mouvement, d’une équipe, d’une cause." et les élèves sont peu à peu contaminés par cette montée fasciste…