jeudi 20 mars 2014

LE DRAPÉ


 Draperie pour une figure assise, Léonard de Vinci, 1470

Cette draperie de Léonard de Vinci est la plus célèbre de toutes les esquisses sur tela di lino (toile de lin). Il en existe seize au total. Elle est souvent considérée comme relative à l'élaboration de la figure de la Vierge dans L'Annonciation des Offices (Florence). Elle a été également rapprochée du Retable de San Giusto par Domenico Ghirlandaio (Florence, Offices); selon certains auteurs, elle serait même de cet artiste et non pas de Léonard.

Atteindre l'exactitude formelle
Cette draperie est entrée au Muséum sous le nom de Dürer. Elle est supposée être liée à l'élaboration de la figure de la Vierge dans L'Annonciation des Offices, comme c'est le cas pour le dessin de l'ancienne collection Ganay (musée du Louvre, RF 41904), ainsi que pour une autre étude de figure assise, conservée aux Offices (Florence). À la différence des deux autres draperies, la figure du Louvre indique un contrapposto et amorce une sorte de mouvement tournant, perceptible dans le dessin des jambes et souligné par la direction du buste, qui est simplement indiqué. Ce motif va dans le sens de l'arrondi, de la courbe, et permet à Léonard de définir la forme qu'il entend représenter. Le peintre a étudié ce qu'on peut appeler le "tombé" des plis, la chute et la retenue de l'étoffe lourde, par déploiements successifs, tout autour de la forme, comme si l'impulsion du mouvement demeurait intacte loin de sa source. Léonard traite la draperie non plus comme une calligraphie ou un ornement, mais comme des tissus bien réels, de véritables vêtements ; il poursuit une recherche d'exactitude formelle, objective.

Une simple analogie
De manière paradoxale, la draperie du Louvre est celle dont l'attribution est la moins contestée, en raison de sa très haute qualité; c'est pourtant la seule qui a pu être rapprochée de la peinture d'un autre artiste. Une analogie étroite a pu être établie entre ce drapé et celui de la Vierge dans la Vierge à l'Enfant avec saints, dit "Retable de San Giusto", par Domenico Ghirlandaio, conservé aux Offices. Toutefois, la délicatesse de l'indication de l'ombre et de la lumière, la complexité de l'étude du Louvre rendent impossible le rapport avec la clarté géométrique de l'oeuvre de Ghirlandaio. Il s'agit moins de draperies à rapprocher de la peinture ou de la sculpture que de recherches consacrées à l'utilisation de supports souples, de matériaux fluides et surtout d'une réflexion conduite sur la lumière.

La question des retouches
Toute la question des draperies, pour celles du Louvre au moins, semble devoir être reconsidérée aujourd'hui à partir de l'observation de leur facture. Cette draperie comporte des reprises, par une main plus tardive, mais apposées à une date indéterminée. C'est dans cette étude que les reprises sont les plus visibles et cela a certainement compté dans la diversité des propositions d'attribution qu'elle a suscitées. Les retouches apparentes se situent sur le bord inférieur, dans la partie qui se trouve sous la draperie. D'autres interventions se devinent dans la partie droite, dans le contour de la draperie et l'arrière-plan. À cela s'ajoutent les épais rehauts des plis de la figure elle-même, renforçant l'effet sculptural de cette forme, qui en devient intemporelle à force de perfection. C'est dans la partie haute, sur le revers oblique du drapé, au niveau de la taille, que la légèreté intacte des "lumi" sur la frange de l'étoffe laisse deviner ce qu'était probablement l'oeuvre à son origine.
(Sources Musée du Louvre)


Etude de drapé, Albert Dürer, 1508

Groupe de quatre figures debout et un drapé, Michel Ange, vers 1489-1500

La Pieta, Michel Ange, 1498-99, Rome

Etude de draperie, Anne Louis Girodet de Roussy Trioson, 1808


Ci-dessous les dessins de l'artiste contemporain Ernest Pignon-Ernest:





Le travail contemporain de Christo et Jeanne Claude (dessins et réalisations en volume):



Le Pont Neuf emballé, 1980


Arbres emballés, 1998



Le Reichtag emballé, 1995

Vue du ciel